C’est quoi être vulgaire en danse ?

C’est quoi être vulgaire en danse ?

Si tu as déjà dansé avec moi, tu dois le savoir, pour moi, bouger ses fesses c’est un peu indispensable et vital.

Ça me semble tellement naturel aujourd’hui que parfois j’oublie que ça n’a pas toujours été le cas et que pour beaucoup de personnes le twerk* et danses associées c’est encore vu comme vulgaire et que ce n’est pas considéré comme de la danse.
Pas plus tard qu’hier, j’ai réalisé, un peu tard, que ce n’était peut-être pas la meilleure manière de me présenter à la belle mère de mon frère que je voyais pour la première fois. Too late. J’avais déjà twerké avant de lui parler 😬

Alors, même si j’espère qu’un jour nous serons dans un monde où nous twerkerons tous allègrement matin, midi et soir, je comprends que pour le moment ce n’est pas le cas. Je le comprends d’autant plus que pendant les 25 premières années de ma vie moi aussi j’ai considéré que c’était vulgaire.

Tu te demandes comment je suis passée du côté obscur de la force ?

Je dirais que cela s’est fait en plusieurs étapes.

D’abord, j’ai découvert que danser avec ses fesses pouvait ne pas être un tabou lorsque je suis sortie dans les favelas au Brésil. Je peux te dire que c’était booty party !
Au début j’étais juste impressionnée et j’observais cette danse que tout le monde faisait sans aucune gêne alors que franchement y’avait de quoi avoir honte.
Très vite, lorsque j’ai senti l’énergie de liberté que renvoyaient les danseurs, j’ai eu envie de tester.

Bon, clairement je ne vais pas te vendre du rêve, au début rien ne bougeait 😅 Si tu n’as jamais bougé les fesses de ta vie, clairement tu ne vas pas y arriver en un claquement de doigt.
Il m’a fallu des mois de pratique quotidienne pour commencer à délier mon bassin et laisser se balader mes fesses. Ça semble sérieux comme ça, mais concrètement je pratiquais juste dès que je le pouvais en soirée ou en me brossant les dents.

Une fois que ton bassin commence à se délier, aïe aïe aïe ! Mama mia ! Il n’y a pas de retours arrière tellement c’est gostoso (mot portugais pour dire délicieux miam miam 😉).

Dans le même temps que je commençais à prendre goût au bougeage de fesses, j’ai commencé à intégrer la communauté féministe et queer de Salvador au Brésil et là je comprends petit à petit (oui, la culture et la déconstruction ça prend du temps) qu’en fait le bougeage de fesses c’est un vrai outil politique et que de dire que c’est vulgaire c’est une stratégie de classe dominante d’invisibiliser et discriminer les personnes afro descendantes.

Comme je te disais plus haut, le twerk, le funk au Brésil c’est juste une évolution de danses ancestrales africaines où les femmes se retrouvaient pour bouger leur bassin. Ces danses permettaient aux femmes d’apprendre à appréhender leurs corps et leurs organes reproducteurs et sexuels, de faire circuler l’énergie et d’avoir une bonne santé pelvienne.

Ça a l’air top dit comme ça non ? Alors pourquoi c’est si mal vu ?

Je dirais d’une manière très simplifiée que dans une société patriarcale on a pas trop intérêt à ce les femmes développent ces connaissances et sensations là. Elles pourraient se sentir libre de prendre leur place et qui sait, le pouvoir héhé

D’un autre côté, il faut prendre en compte qu’il s’agit d’un savoir africain. Or, dans la société coloniale dans laquelle nous vivons, ça ferait trop mal aux peuples dominants de ce monde  (nous 💁‍♀️) de reconnaître que la culture africaine à beaucoup à apprendre aux occidentaux. Non, non, non, c’est quand même mieux de se dire qu’on est supérieur et que c’est une danse de sauvages non civilisé.e.s.

Pour ces raisons et d’autres, aujourd’hui au Brésil, il y a un vrai mouvement politique autour du funk (twerk brésilien) comme outil de revendication pour lutter contre la discrimination et le patriarcat mais aussi pour préserver la culture des afro descendant.e.s.
Au mois d’octobre, une exposition sur le mouvement funk a lieu au musée d’art de Rio et un projet de loi est en en cours pour que le 12 juillet soit reconnu comme jour national du mouvement funk.
Si c’est pas du sérieux ça !

Bon, je réalise, que c’est un peu compliqué d’expliquer en peu de mots ces histoires de mouvements politiques et de vulgarité dans la danse.

Avant d’entrer dans la théorie, je ne peux que te conseiller de commencer à bouger tes fesses. C’est comme ça que ça a commencé pour moi. Une fois que j’ai commencé à ressentir les bienfaits de bouger mon bassin, la théorie a suivi. On a souvent tendance à croire que les choses doivent passer par la tête. Pourtant, notre corps est un merveilleux guide.

Si tu n’as jamais bougé tes fesses ou que c’est compliqué pour toi parce que tu es gênée ou que tu penses que c’est vulgaire, j’espère que tu penseras à ces mots et que tu t’autoriseras à te lancer.

Tu peux commencer dès maintenant avec cette playlist spécial reggaeton 😉
Et si tu préfères te lancer dans un environnement fun, bienveillant et sans tabou, tu peux toujours venir danser avec moi. Ce sera un honneur de te guider dans tes premiers pas de bougeage de fesses 🙂

 

*j’utilise le mot twerk pour simplifier la compréhension mais on est bien d’accord que le twerk n’est clairement qu’un dérivé de danses ancestrales africaines, just to be clear 😉

 

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